Contexte théorique

« Au départ : à chacun selon ses moyens. A Samar : à chacun selon ses besoins ».

Egalité : Les êtres humains ne sont pas nécessairement égaux. Nous avons tous des besoins et des capacités différents. En conséquence, la répartition égale des ressources (budget, nombre de mètres carrés habitables,…) est un idéal futile. Tous les membres de Samar jouissent des mêmes possibilités pour satisfaire leurs besoins comme ils l’entendent. Ceci représente la clé de voûte de la philosophie de Samar qui a dès lors été considéré comme un kibboutz anarchique. Le graphique illustre comment Samar s’y prend pour offrir à la fois un haut degré de collaboration entre ses membres et un haut niveau d’autonomie pour chaque individu.

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Comment cette philosophie s’exprime-t-elle au quotidien ?

Budget : À Samar, il n’y a pas de comptes bancaires individuels. Tous les membres ont accès au compte bancaire du kibboutz, par leur carte de crédit. Chaque mois, chaque famille reçoit un relevé de ses dépenses du mois écoulé : frais médicaux non couverts par la sécurité sociale, parapharmacie, cotisations, leçons de musique et dépenses payées par carte de crédit. Il est recommandé à chaque famille de s’en tenir à un budget moyen par personne mais on ne s’attend pas à ce que chaque famille dépense la même somme.
Travail : Les membres du kibboutz choisissent le type et la quantité de travail qu’ils veulent effectuer. Pour les besoins de chaque type d’activité le personnel nécessaire à la réalisation du travail est recruté parmi les membres et les volontaires (et dans de rares occasions, il est fait appel à du personnel extérieur, salarié). En pratique, presque tout le monde travaille; le taux de chômage à Samar est inférieur à celui de n’importe quelle autre société. De plus, chacun a une perception aiguë des besoins immédiats, tels un poste à pourvoir pour traire les vaches ou pour s’occuper des enfants. Par exemple, pendant la récolte des dattes, tous les membres font des heures supplémentaires pour récolter ou trier et empaqueter les dattes.
Logement : Le système de logement est peut-être celui où la « personnalité » de Samar s’exprime le plus clairement. Il n’existe pas de modèle standard pour une maison familiale. Notre objectif est de fournir à tous les enfants à partir de l’âge de la Bar Mitzva leur chambre individuelle dans la maison parentale. Cette chambre leur servira encore quand ils seront à l’armée. La plupart des maisons en parpaings construites par l’Agence Juive dans les années 1970 on été depuis agrandies et rénovées au point qu’aujourd’hui, il n’existe plus 2 maisons qui se ressemblent! Pour la rénovation, on a eu recours tantôt aux méthodes de construction classiques, tantôt à certaines méthodes alternatives telles le mélange paille-boue.

Comment cela peut-il fonctionner ?

Le kibboutz Samar est une réussite. Du point de vue économique, d’abord. Chaque année se solde par un budget en équilibre ou même par un léger profit. Du point de vue social, nous recrutons de nouveaux membres chaque année et peu de membres quittent le kibboutz. Et le plus important : la plupart des membres se disent heureux de vivre à Samar et n’aspirent pas à changer. Cela peut paraître difficile à gérer, étant donné qu’une décision qui n’a pas été personnellement approuvée et intériorisée par la quasi totalité des membres ne sera pas appliquée, même si à l’assemblée générale, une majorité de membres l’a approuvée.
Mais l’investissement personnel est plus fort que n’importe quelle règle. Les membres du kibboutz ne raisonnent pas en termes de « le kibboutz» et « moi ». Chaque membre se sent totalement attaché au kibboutz. Cela s’observe le mieux à la saison de la récolte des dattes, quand des gens de tout âge viennent, l’après-midi après leur travail habituel ou le week-end aider à la récolte ou à l’emballage des fruits. Les enfants aussi participent, heureux de réaliser qu’ils fournissent une contribution à leur communauté.